Dans son rapport pays 2024, publié le 31 juillet dernier, la Banque africaine de développement (BAD) estime que la RDC devrait investir 17 milliards de dollars par an jusqu’en 2030 pour « accélérer son processus de transformation structurelle et se mettre au même niveau que les pays en développement très performants ayant actuellement des niveaux de développement comparables ». Cette somme est légèrement supérieure au budget national pour l’exercice 2024, ce qui indique que cet investissement ne pourra pas être supporté uniquement par l’État.
Pour orienter le pays vers une trajectoire de développement adéquate, la BAD recommande dans son rapport de renforcer le capital humain en améliorant la qualité de l’éducation et en l’alignant sur les besoins du marché du travail. En plus de cet axe d’intervention, l’institution financière africaine préconise la mise en place des politiques visant à améliorer l’environnement des affaires, notamment par une refonte du code des investissements et de la loi foncière, ainsi qu’un investissement accru dans les infrastructures.
Pour la BAD, la transformation structurelle actuelle de la RDC est trop lente pour soutenir le développement économique du pays. De manière générale, un changement structurel se produit lorsque l’importance de l’agriculture dans la population active diminue progressivement, tandis que la main-d’œuvre est réaffectée vers l’industrie et les services, ce qui entraîne des gains d’efficience grâce à une meilleure productivité.
Concrètement, à mesure qu’un pays se développe, le rôle de l’agriculture tend à diminuer tandis que l’industrie et les services prennent le relais, favorisant le développement par l’introduction et l’investissement dans les nouvelles technologies. Cette trajectoire classique a contribué à l’émergence de plusieurs pays en Europe, en Amérique et en Asie de l’Est.
Entre 2005 et 2020, la RDC a enregistré une diminution de la part des emplois agricoles, passant de 71,1 % à 60 % des emplois totaux. Toutefois, selon la BAD, la main-d’œuvre agricole s’est majoritairement réorientée vers le commerce et le secteur manufacturier, dominés par l’informel, ainsi que vers l’industrie minière. Bien que ce dernier secteur soit attractif, il reste fortement capitalistique, avec 82 % des facteurs de production, et ne peut donc absorber qu’une part limitée de la main-d’œuvre.
Selon le rapport, bien que les secteurs des services et de l’industrie aient enregistré une croissance rapide de l’emploi au cours de la période étudiée, passant respectivement de 22 % à 29,3 % et de 7 % à 10,7 %, la productivité reste un défi majeur. « Les résultats pour le secteur manufacturier montrent une croissance de la productivité qui a été négative entre 2000 et 2009, et presque nulle entre 2010 et 2019 », précise l’institution financière panafricaine.
Espoir Olodo