En début de semaine, les autorités du territoire d’Uvira, dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC), ont interdit la vente d’essence et de gasoil vers le voisin burundais qui rencontre une grave crise d’approvisionnement depuis plusieurs semaines. L’objectif des autorités est de protéger la population locale, préserver les recettes fiscales et stabiliser les prix du carburant qui ne cessent de grimper au niveau local, explique l’administrateur d’Uvira, Mabiswa Selemani Jean de Dieu.
« Le grand problème, c’est qu’on assiste à une pénurie du carburant et à la flambée des prix. Un litre du carburant qui était à 3 800 ou 4 000 francs congolais, moi-même, je l’ai acheté à 6 500 francs congolais dans la ville de Sange », a affirmé l’administrateur.
Celui-ci dit avoir noté une augmentation du flux de carburant illégalement transporté vers le Burundi, via le fleuve Ruzizi, avec la complicité d’agents de l’État. Il mentionne un volume supérieur à 5 000 litres de carburant qui sont ainsi transportés vers le Burundi et évoque « des pertes significatives pour le Trésor public ».
Il faut savoir que la crise d’approvisionnement au Burundi est le résultat d’une crise économique qui dure depuis deux ans. Celle-ci a également affecté entre autres les secteurs du transport, les denrées alimentaires de première nécessité et a entraîné le manque de matières premières pour les industries locales.
Pour décourager le trafic, les autorités d’Uvira prévoient de renforcer les mesures de sécurité et les poursuites judiciaires contre les auteurs. Elles cherchent aussi à améliorer la régulation des prix et à établir des accords bilatéraux clairs avec le Burundi, dans ce sens.
Par ailleurs, Jean de Dieu Mabiswa Selemani a parlé des dangers liés à ce trafic, en évoquant l’accident tragique survenu à Sange en 2010 qui a coûté la vie à plus de 300 personnes du fait d’une mauvaise manipulation du carburant.
Olivier de Souza